Ces moments que je passais avec elle me rendait heureuse. Je ne sais pas pourquoi je m’étais tellement attachée à elle. Peut-être parce que je l’ai apprivoisée tranquillement et que j’ai dû passer par-dessus ma peur pour lui donner des carottes dans ma main. Petit à petit, un lien s’était créé entre nous.

J’ai perdu une amie
Dès les premiers jours du printemps,
j’eus pour toi un véritable coup de coeur.
D’abord, je n’avais jamais vu d’âne de toute ma vie!
Aussitôt je voulus attirer ton attention
en te lançant maladroitement des bouts de carottes
atteignant parfois ton museau et même ta tête! Ha,ha!
Chaque fois, tu t’approchais de plus en plus près
jusqu’à ce que j’ose enfin te laisser manger dans ma main.
C’est à cet instant que tu m’as véritablement conquise
et à chacune de mes promenades, provision de carottes
en poche, je t’ai toujours rendu visite et quel plaisir
de se retrouver ainsi quotidiennement!
Je n’oublierai jamais cette fois où
tu m’as accueillie avec ce cri propre aux ânes,
je n’en croyais tout simplement pas mes oreilles!
J’ai presque eu peur de ta joie si grande.
Tu voulais me saluer, me remercier!
Petite ânesse, je me suis attachée à toi!
Cette proximité m’apaise, me fait rire et me fait tout oublier.
Aux premiers signes du froid, je t’ai cherché des yeux!
Ce matin-là, la place était déserte et tu n’es pas venue.
J’ai compris que je n’entendrai plus jamais
ton cri m’accueillir joyeusement. J’ai su immédiatement
que je ne verrai plus ta robe grise et blanche
se découper au loin dans le petit enclos
au moment où tu levais la tête m’apercevant.
Disparu pour toujours tes jolis yeux aux longs cils
qui m’apparaissaient parfois si mélancoliques.
Tu ne viendras plus vers moi avec nonchalance
tes grandes oreilles bien droites épiant la moindre de mes paroles.
Je ne frotterai plus ton front avec tendresse,
ne caresserai plus ta joue et ton museau si doux.
C’est terminé les rendez-vous entre nous deux!
Je dois accepter le fait que tu n’étais pas à moi.
Combien de temps encore avant que je t’oublie?
Tu me manques tellement tite âne!
J’espère seulement que tu es heureuse là où tu es.
Quant à moi, je suis triste parce que j’ai perdu une amie.